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  • Photo du rédacteurDavid Frau

L'angoisse…

Dernière mise à jour : 15 mai

Il s'agit d'un terme souvent employé, dans de nombreux domaines de la vie quotidienne et de nombreuses conversations. Le symptôme est fréquent, nous avons tous fait l'expérience d'être angoissé…

L'angoisse désigne un "état d'affect", intimement lié à l'âme humaine. Elle est individuelle et douloureuse.


Mais que recouvre-t-elle ?

Ses manifestations sont-elles les mêmes chez tout le monde ? Veut-elle dire la même chose pour tous ?


Incontrôlable, elle survient spontanément, automatiquement. Elle signe une augmentation des excitations internes, un excès de tensions qui ne trouve pas de voie adéquate pour se décharger.

Les occasions pour s'angoisser peuvent être nombreuses. Devant l'inconnu, devant une situation que l'on ne connait pas et que l'on ne maîtrise pas. Ou encore l'angoisse peut survenir sans motif bien déterminé, apparaissant comme diffuse, sans explication particulière probante.


Cette réaction n'est, en soi, ni pathologique, ni problématique, tant qu'elle est estimée tolérable par l'individu et qu'elle n'est pas invalidante. Elle permet de s'adapter à l'environnement, de prévenir des dangers (réels ou imaginés) en maintenant un état d'alerte.

Cependant, il existe de nombreuses situations qui deviennent problématiques dans la mesure où l'angoisse va avoir des répercussions sur le déroulement harmonieux de la vie de l'individu, générant souffrances et désorganisations.


Chez Freud, l'angoisse névrotique (différente de l'angoisse devant un danger réel) est liée à une situation inconsciente de danger interne.

Pour lui, le danger fondamental est celui de la séparation et de la perte de l'objet mais le travail de transformation, le jeu des défenses, des projections, du refoulement, des symptômes et des contre-investissements, rendent la lecture ultérieure des causes quasi impossible.


Chez l'adulte, les signes physiques sont les premiers à révéler l'angoisse : poids à la poitrine, douleur à l'estomac, difficultés respiratoires, accélération du pouls, transpiration exacerbée, sensation de perte de connaissance, de malaise, frissons, agitation… De la bouffée d'angoisse à l'attaque de panique, les signes sont variés.


Chez l'enfant, les expressions physiques de l'angoisse sont les plus stables et très souvent en lien avec le milieu familial. Mal au ventre, mal à la tête, fatigue, difficultés à l'endormissement, colères… Sont les signes que l'on va retrouver le plus souvent. Les causes les plus fréquentes sont la culpabilité, les problèmes rencontrés à l'école et les préoccupations des parents.

L'enfant, dans son plus jeune âge, ne connait pas le mot angoisse. Il connait le mot peur, un éprouvé qu'il peut nommer face à un danger réel (ou imaginaire), ou face à une menace de danger.

La peur traduit souvent, chez l’enfant, lors de nouvelles situations, la rencontre avec quelque chose d’inconnu : l’inexpérience de la chose en soi.


Chez l'adolescent, la clinique est diversifiée. La spasmophilie, fréquente à une époque, a laissé place à des tableaux cliniques protéiformes.

Le bouleversement de l'équilibre psychique établi à la période de latence, la croissance physique, la sexualité naissante, les changements qui s'installent dans la relation avec les parents et plus généralement avec les adultes, concourent au fait que l'adolescent ne se sent plus semblable à lui-même. Les fantasmes et les refoulements inhérents font le lit de l'angoisse adolescente.


A la clinique physique, se rajoutent de signes comportementaux. On distinguera l'angoisse aigue de l'angoisse chronique (les personnalités anxieuses).

La crise d'angoisse aigue (l'attaque de panique) développe un sentiment d'effroi, de terreur, de panique (on perd le contrôle de soi). L'épisode peut être isolé, ou se répéter selon un cycle propre à chacun.

L'angoisse chronique (latente) se traduit par un sentiment d'inquiétude permanente, d'attente anxieuse, d'appréhension, de peur. Elle évolue au long cours, avec des variations.


Freud a invité à distinguer (Inhibition, symptôme et angoisse, 1926) l'angoisse "automatique" de l'angoisse "signal".

L'angoisse "automatique" est celle liée au traumatisme, qui surgit brutalement en cas d'excès d'excitation, sans que le Moi n'ait pu mobiliser de défense pour la contrôler.

L'angoisse "signal" est celle qui est "convoquée" par le Moi après coup, pour tenter de récupérer la maitrise perdue, dès la perception d'un risque de surcharge de tensions d'excitations.

Nous percevons dès lors que l'angoisse est un état d'affect traversé par un paradoxe essentiel : elle doit être réduite et en même temps, elle est le moyen de sa résolution.

L'angoisse "signal" protège : elle vient informer le Moi d’un danger qui le menace, pour qu’il mobilise ses défenses (pour ne pas être saisi de l’angoisse "automatique").

Elle a une tonalité positive. Elle aide le Moi à se préparer au danger. C’est une vraie protection contre l’effroi.

Le prototype des angoisses ultérieures est la perte de l’objet ou de l'amour de l'objet. La première angoisse, celle réactionnelle à la perte de perception de la mère, est une angoisse "automatique" involontaire, à laquelle succèdera l'angoisse "signal", intentionnelle et préventive. Elle devient la meilleure défense contre le risque traumatique.


Lorsque l'angoisse prend forme… Elle devient peur, phobie, symptôme, douleur, obsession…

L'angoisse sans forme (Bion parlait d'angoisse sans nom) envahit le Moi et donne un sentiment de désorganisation, de désespoir, d'égarement, de dépersonnalisation, qui implique des sensations corporelles plutôt imprécises, diffuses, l'impression de ne pas être soi, d'être défait.

C'est le moment où le Moi s'échappe et va adopter un investissement capable de former une réorganisation en urgence (il peut s'agir d'un support interne ou corporel ou encore un système de relation, à la rencontre d'une personne ou d'une idéologie).

Lorsque l'angoisse est intense, la réaction peut être massive : un passage à l'acte contre soi ou contre les autres.

Quand elle est plus modérée, elle investit des conduites corporelles ou des sensations prégnantes.


L'angoisse n'a pas d'âge… Elle est susceptible de survenir à toutes les périodes de la vie, à n'importe quelle époque historique. Quelle que soit son origine, c'est souvent à partir d'un danger extérieur (objet extérieur menaçant) qu'elle apparait.

Angoisse de l'autre, de l'étranger, de l'abandon, de la perte ou de la séparation, de la castration… L'angoisse questionne sur la relation intérieur/extérieur, réalité interne/réalité externe, mettant en avant le mécanisme de projection du danger intérieur, le transformant en danger extérieur.

L'articulation entre réalité interne et réalité externe met en lumière la manière dont l'angoisse s'inscrit toujours dans l'histoire personnelle de l'individu.

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